vendredi 28 novembre 2008

Le palmier dans tous ses états...

Aujourd'hui, un billet pour les "nuls en nature" dont je fais partie, ayant toujours vécu dans des villes, plutôt grandes de surcroît (si on excepte Issoire, dont je n'ai honnêtement plus beaucoup de souvenirs précis ).

Ceci est un cocotier, il produit des fruits, nommés "noix de coco"
C'est très différent du palmier-dattier puisque le cocotier, à part assommer les gens avec des fruits poilus impossibles à ouvrir sans un outillage complexe, ça ne sert que pour les cartes-postales.
Cocotier et palmier dattier sont tout de même cousins de la famille des palmiers, c'est probablement pour cette raison qu'on les confond si souvent !!!


Admirez cette allure élégante, ce tronc râpeux, qui raconte la naissance et la coupe de chaque palme...Cette explosion de verdure à son sommet...
Pour la définition scientifique, on peut lire sur Wikipédia: "C'est un grand palmier de 15 à 30 m de haut, au tronc cylindrique, le stipe, portant une couronne de feuilles.
Les feuilles sont pennées, finement divisées et longues de 4 à 7 mètres.
L'espèce est
dioïque et porte des inflorescences mâles ou femelles, appelées spadices, enveloppées d’une très grande bractée membraneuse, la spathe. Les fleurs femelles ont trois carpelles indépendants, dont un seul se développe pour former la datte.
Les fruits, les dattes, groupées en régimes, sont des
baies, à chair sucrée entourant un « noyau » osseux qui est en fait la graine.

Je vais donc m'en tenir à mes propres observations, plus empiriques, et très incomplètes !

A côté du petit garçon saaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaage, un tronc de palmier creusé...rien ne se perd !
Il faut au palmier-dattier du soleil, toute l'année, de la chaleur, et surtout de l'eau. Des centaines de litres d'eau chaque jour. Alors comment est-ce possible qu'il y ait des palmeraies immenses en Oman, pays presuqe totalement désertique ?

Chers lecteurs, sachez qu'on ne trouve des palmeraies que dans les zones montagneuses, où les sources d'eau sont nombreuses. Ici, partout où coule une source, partout où passe de l'eau en souterrain, on voit une palmeraie. C'est une manne que les Omanais ne laisseraient passer pour rien au monde. Parce que le palmier-dattier, si on sait l'exploiter, est multi-usage. Nous allons y revenir, mais pour le moment, un petit exposé soporifique mais instructif sur les palmeraies.
Elles sont des lieux enchanteurs. Après l'aridité des montagnes, la monotonie du désert, se trouver face à une palmeraie est une bénédiction. La lumière crue du soleil devient douce et divine, filtrée par les palmes serrées. L'atmosphère y serait paradisiaque s'il n'y avait cette faune de grenouilles, lézards, et probablement serpents, attirés par l'humidité nécessaire à la bonne croissance de l'arbre. Rien n'est laissé au hasard. Le palmier-dattier ne pousse pas à l'état sauvage, il est domestiqué, en témoigne l'architecture organisée des palmeraies:

Là, on aperçoit un Falaj (prononcer "falladje"), un système d'irrigation astucieux, qui permet de faire voyager de l'eau, sur parfois plusieurs kilomètres. Des pierres plates sont ôtées ou remises en fonction des besoins en eau de telle ou telle parcelle.
Voilà pour les palmeraies. Revenons donc au profit que l'on peut tirer du palmier-dattier.
En premier lieu pour la datte. Là, elle est sur l'arbre, prête à être récoltée.
Vous la connaissez, vous l'achetez en été pour vous donner des forces au détour d'un sentier escarpé dans les Alpes, vous l'achetez aussi en décembre, et la déguisez ridiculement d'un boudin de pâte d'amande rosâtre à l'E342.
Ici, elle est reine. Elle offre une alternative économique aux rentes pétrolières qui ne seront pas éternelles. Elle est vendue partout, a même droit à ses magasins spécialisés. Mais la meilleure, et de loin, est celle partagée aux confins d'une plaine désertique, coincée entre Océan et montagne, avec un vieillard que vous avez pris dans votre 4x4 (surbondé, empli de 4 enfants gesticulant et hurlant), et qui vous offre un magma de chair de datte et de noyaux entremêlés qui a séjourné dans la poche de sa dischdacha...
Pauvre vieillard qui se retrouve sur la toile mondiale, alors qu'il voulait juste rentrer chez lui plus vite !!! La datte est ici le fruit de l'hospitalité. Une rencontre fortuite dans la montagne se termine souvent autour du couplé Kawa-dattes.

Là, les dattes sèchent au soleil après la récolte...oui, comme celles que vous achetez en France...oui, avec les mêmes mouches qui s'agglutinnent, oui !

De plus près, c'est déjà plus appétissant:

Autrefois, après avoir séché quelques jours ou semaines, les dattes étaient stockées dans des pièces sombres et (relativement) fraîches, dans des sacs fabriqués à partir de la "feuille" du palmier, la palme, tressée et séchée.

La datte serrée contre ses copines, se mettait alors à transpirer, ce qui permettait à son propriétaire de recueillir un jus sirupeux appelé le miel de dattes. et hop, un truc de plus à commercialiser ! C'est délicieux sur des brochettes de boeuf épicé !
Aujourd'hui, on stocke toujours les dattes par paquets de 50 kilos, mais l'emballage est moins seyant:
Ca continue toujours à dégouliner, je vous rassure.
Après la datte, après le tronc du palmier, voilà la palme elle-même. Vous avez déjà aperçu plus haut les possibilités de sacs de stockage, voici d'autres possibilités (et elles semblent infinies): dans les maisons, les objets usuels, comme les petits balais (très efficaces, mais pas de photo pour le moment), les nattes rondes pour pouvoir isoler du sol, afin de poser les plats (puisqu'ici, on prend les repas assis par terre, et on mange de la main droite)
Notez aussi la "cloche" qui permet de conserver le plat à bonne température.
Les grandes nattes rectangulaires qui servent de tapis (là, sous le lit, pitié, ne faites pas les neu-neux, je ne parle que de la palme, aujourd'hui, pas du tapis persan !)
Il y a également un objet amusant, dont je n'ai pas de photo: une sorte de pyramide, de la hauteur d'un tabouret, on fait brûler de l'encens en dessous, la pyramide étant recouverte de l'abaya, (vêtement noir et long, porté par les femmes omanaises, j'en reparlerai plus tard).

La palme en décoration, et aménagement du territoire:
Ou comment une vulgaire tente de l'armée se retrouve habillée de palmes sèches, et devient alors une charmante paillotte appelant au farniente, et au rêve exotique.
Admirez zossi les plafonds traversés de poutre de bois de palmier, avec tissage de palmes en guise de fond.
Et les parasols recouverts, les plages cloisonnées par des paravents de palmes...
Seul défaut mineur...la couleur de la plame séchée se dégrade au soleil pour finir grisâtre.
Pour le seul arbre qui pousse bien dans ce pays, c'est pas mal, non ?

lundi 24 novembre 2008

Nizwa, ou l'immersion / 3

le fort de Nizwa:
il a été construit il y a bien longtemps, pour assurer la défense de la ville, et on observe de nombreuses similitudes avec un château-fort de nos contrées. Systèmes de geôles, de trappes, de trous juste devant les portes, fentes qui permettent de jeter de l'huile chaude sur les assaillants qui ont réussi à s'introduire dans les escaliers, chemin de ronde protégé par des crénaux...en ogive !


La visite avec Souleiman est instructive, il nous explique le fonctionnement du système de défense, avec une fierté non dissimulée pour sa ville et ses richesses. Il est seul avec ses deux fils. Nos garçons jouent avec eux, se comprennent par gestes. L'imagination enfantine est universellement tournée vers la bêtise, ça nous rassure !

La cour centrale du fort.

Ville ancienne de Nizwa, et palmeraie.



Entre deux minarets, une petite photo de "sweaty" Alix, en cours de conversion...
Après un restaurant typique de Nizwa (encore par terre avec les doigts) Souleiman nous laisse retourner à Mascate, nous sommes à la fois ravis de ce week-end omanais, et contents de retrouver notre maison, et nos lits ! L'hospitalité Omanaise n'est donc pas une légende, elle est entière, gluante comme du miel de datte ! Et puisqu'on en parle, mon prochain billet vous parlera peut-être du palmier...

dimanche 23 novembre 2008

Nizwa, ou l'immersion gna gna gna / 2

Arrivés (vivants) à Nizwa, de retour chez Souleiman, nous restons dans la voiture, je récupère juste de quoi faire un biberon, et nous partons chez les parents de Souleiman. Ils habitent à quelques centaines de mètres de là. L’endroit est enchanteur. La maison est sise sur une palmeraie. Entre les palmiers, poussent des épis de maïs, l’endroit est vert et ombragé, ce qui est rare dans un pays désertique. La maison qui a été très belle est polie par les ans, fissurée, mais chargée d’histoire. Les parents de Souleiman y vivent, avec deux de leurs fils, et une fille. Ces trois enfants sont mariés et ont des enfants. Ils vivent donc à 21, trois générations confondues. Ici, pas de fantaisie, je prends l’entrée des femmes, Christophe entre chez les hommes. J’ôte mes chaussures, et me présente à 5 ou 6 femmes et jeunes filles. Toutes portent une longue robe couvrant les bras, et tombant jusqu’aux pieds. Elles portent un foulard qui laisse apparaître le bas du front, le visage jusqu’au menton, et elles ont toutes un pantalon serré aux chevilles qu’on devine lorsqu’elles s’assoient.

Il est 15 heures, et peu de temps après mon arrivée, on dresse « la table » (toujours par terre, cette fois, la nappe est une sorte de sac poubelle vendu en rouleaux, et qui forme un carré de 120x120 cm). Cette fois, on nous sert le plat national, à base de riz parfumé et luisant d’huile, accompagné de poulet grillé. Il y aun plat rond, et tout le monde se sert attrapant des poignées de riz avec les doigts. Je refuse la cuillère qu’on me propose, je leur affirme que c’est la première fois de ma vie que je mange avec mes doigts (ouhhhhhhhhhhh, la menteuse, fidèle consommatrice de MAC’ Do et autres restaurants gastronomiques américains !) L’une d’elle parle bien l’anglais, elle a une vingtaine d’années, et vit encore chez son père, un frère de Souleiman. Elle rêverait d’apprendre le Français, mais on lui a dit que c’était une langue très difficile. Et il faut aller à Mascate, à 150 kilomètres de là. On me propose de la mangue, j’accepte et la goûte sans me méfier…Nigaude que je suis ! Je me retrouve avec le visage cramoisi, les larmes aux yeux, et elles se moquent de moi…elles me narguent gentiment en croquant dans des piments verts crus…La mangue était donc épicée, mais très peu, d’après elles ! Je ne renouvelle pas l’expérience, me contentant de riz et poulet ! Puis on passe au café, accompagné du Alwa, toujours aussi gras et sucré…Le café est très léger, mais sans parfum. On me propose une ultime sucrerie, sorte de meringue à la noix de coco. C’est très bon, mais je suis incapable d’avaler quoi que ce soit !La mère de Souleiman arrive dans la pièce. Ses yeux sont mi clos, elle est aveugle. Alix est terrorisée, pousse des cris, la contourne. Je suis obligée d’expliquer aux femmes pourquoi elle crie. Ca ne les choque pas du tout, elles font preuve d’une empathie extraordinaire, et le handicap semble être accepté comme une volonté divine. On ne tourne pas autour du pot !Pendant le temps du repas, je pensais que Jean était avec la maid Indienne, à qui je l’avais confié. Au bout d’un moment, je m’aperçois qu’elle est dans la même pièce que nous, un peu en arrière, sans Jean. Il est avec Mohamed, 10 ans, qui le promène dans le jardin, suivi de près par Henri qui s’inquiète du sort de son petit frère. J’apprendrai ainsi le lendemain que Mohamed voulait installer Jean sur une balançoire, et qu’Henri l’en a empêché. Du coup, Mohamed l’a pris sur ses genoux, et s’est balancé avec lui, déclenchant des rires, d’après Henri.Je somnole assise contre le mur, on me propose une chambre pour dormir…C’est vrai que la nuit au camping a été un peu hachée. Mais que d’aventures…On attend le retour des hommes, partis à une séance de condoléances dans une famille où un garçon de 20 ans s’est tué la veille dans un accident de voiture. Christophe ne comprendra qu’à la fin des salutations que c’était de cela qu’il s’agissait.Les statistiques de mortalité sur la route sont effroyables. Et pourtant, ni les enfants de moins de 18 ans sont comptés, ni les adultes qui décèdent des suites de leurs blessures à l’hôpital.

Après cette petite parenthèse, nous remontons dans le carrosse de notre hôte, laissant son épouse et ses 2 filles aînées, ainsi que le bébé, pour nous rendre sur la place de Nizwa, pour un marché consacré aux enfants. Les garçons de Souleiman ont pris leur argent. Ils savent que chaque année après l’Eïd, ils vont pouvoir se rendre à ce marché pour y trouver des armes et leurs munitions. Ils ont également revêtu leurs nouveaux vêtements, reçus pour la fête de fin du jeûne, des jeans bariolés et des polos rayés. Amahyma porte également un nouveau jean, et un t-shirt du meilleur goût. Sa maman l’a coiffée devant moi, à l’aide d’un peigne rustique et d’une sorte de gomina poisseuse qui donne aux cheveux un aspect crasseux, plutôt éloigné de nos canons. Arrivés sur la place, nous tentons de nous frayer un chemin parmi cette foule d’Omanais. Nous sommes les seuls occidentaux, et les seuls adultes ! (Hormis les tenanciers indiens de ces stands offrants des jouets à bas prix, made in China) Les épées offertes aux enfants dureront moins de 24 heures pour les nôtres. Mohamed s’achète un pistolet, et ses pétards. Il le pointe vers tout le monde, vers Jean, vers son père qui fronce les sourcils ! (premier geste de désapprobation depuis ce matin !)Pendant ce temps, sur la place principale, se joue une danse de guerriers : les hommes sont en dishdacha et turban (ils ont abandonné la Kouma, plus rapide à enfiler pour le turban au nouage complexe et précis) ils portent le poignard recourbé, dont le poignet et le fourreau sont en argent ciselé et gravé de mille détails, certains portent également une cartouchière en guise de ceinture. Ils tiennent un sabre à la verticale, pointe vers le ciel, et ils le font vibrer en cadence, chantant une mélopée répétitive. Ils sont en deux lignes, face à face, et se répondent. L’un d’entre eux porte un bébé d’un an, ils sont tous adultes, mais différents âges se côtoient. Les plus âgés portent une barbe blanche qui leur donne une allure folle. Ce spectacle est fascinant, quoique assez répétitif !Après l’ajout d’eau dans notre radiateur qui nous joue des tours, nous quittons Souleiman pour rejoindre notre hôtel à la sortie de Nizwa. Nous dînons sur place, sans grande conviction, et savourons le confort d’une douche, puis d’un lit après notre folle journée en immersion dans une famille Omanaise !

samedi 22 novembre 2008

Nizwa, ou l'immersion en apnée dans un autre monde 1


(Fort de Jabril)

Nous voilà donc réveillés à l'aube, les premiers rayons du soleil réchauffent déjà l'atmosphère.

Nous décidons de démonter les tentes avant d’avoir trop chaud. Puis nous servons le petit-déjeuner, à la grande joie d’Alix, et enchaînons sur la vaisselle, la toilette, et le bouclage des sacs. Nous redescendons la piste, à petite allure, lorsqu’un Indien nous fait signe de nous arrêter. Il a mis sa belle chemise du dimanche (vendredi !), et malgré nos explications, tente de monter à l’arrière. La voiture est bondée. Malgré l’installation d’une gallerie, il y a des sacs partout. Il se glisse difficilement sur la banquette arrière, écrasant Henri, contraint de se détacher pour s’asseoir à moitié sur Charles. Le gars ne comprend rien à nos questions, fait des risettes à tout le monde, tente de se faire oublier, tandis que nous faisons des commentaires désagréables à propos de son culot, en Français, sur un ton enjoué, le grand sourire aux lèvres. 30 minutes plus tard (7 kilomètres), nous le larguons à la station essence de la première vraie « ville » civilisée, avec du vrai bitume. Nous rejoignons Nizwa, pour tenter d’apercevoir le marché aux bestiaux. Nous arrivons à 9h30 sur le parking, et les bétaillères repartent déjà…Je ne comprends pas les horaires.
Christophe tente de rappeler son camarade de stage, Souleiman, qui habite Nizwa avec sa famille. Il est là, à deux pas, et nous attend. On le voit, le salue d’un « Salam Aleikoum » que même Alix commence à maîtriser, et il nous invite à monter dans sa voiture, un énorme 4x4 (V8 de chez Nissan), avec 8 places. Christophe nous suit, et Souleiman nous emmène jusqu’à chez lui. Dans la voiture, nous discutons en anglais. Il a le même niveau que moi…en pire ! Il tapote l’écran tactile de son ordinateur de bord, me fait écouter de la musique arabe, et me montre les photos de ses enfants qui défilent sur le petit écran…c’est beau la technologie…(choc culturel entre hier, au village du bout du Wadi, et aujourd’hui, Souleiman, à la voiture bardée de gadgets inutiles)
Pas de blagues, ce n'est pas sa femme derrière, c'est moi ! (Avec Alix dans les bras !)
Lorsqu’on arrive, il nous présente ses deux garçons, puis son épouse, qu’il autorise exceptionnellement à venir déjeuner avec nous. En principe, chez les musulmans, l’homme reçoit les hommes dans son salon, où tout est prêt lorsque les invités arrivent, et les femmes reçoivent de leur côté. Les bébés sont avec les femmes, et les enfants passent d’un endroit à un autre. Les adolescents sont considérés comme des adultes, et appliquent les règles de séparation.





Nous découvrons la décoration du salon de Souleiman. Il a de l’argent, et tient à le montrer. Des bergères en bois doré sont alignées contre le mur, comme au bal populaire. Le tissu qui les recouvre est chatoyant, brillant, dans les tons beige/marron. Les pompons de passementerie dégoulinent, l’opulence est là ! En face de cette rangée de fauteuils mastocs, un aquarium vide, dont le sous-meuble est recouvert de placage imitation marbre d’un bleu pétrole du meilleur goût. A côté, on trouve un meuble assorti (même « marbre » bleu, destiné à la télévision. Il est surmonté d’un brûleur d’encens dont l’odeur caractéristique et envoûtante est facilement reconnaissable. Le sol est recouvert de grands tapis, épais, toujours dans ces tons de sable (nostalgie du désert pour ces bédouins sédentaires ?) Au mur, un papier peint beigeasse, aux reliefs nacrés, et quelques cadres suspendus. Le clou du spectacle : un tapis dont le dessin n'est autre que le portrait du Sultan Qaboos (prononcer « Kabousse »). Pour finir la description des lieux, j’ajouterai juste que la partie salle à manger est dépouillée : quelques coussins recouvrent le bas des murs, et une nappe ronde est posée par terre.


Majlis typique ( fort de Jabril)


Les enfants viennent nous saluer. Deux filles de 14 et 13 ans, voilées, deux garçons de 10 et 8 ans (Mohamed, et Ibrahim, dit « le diable ») une fillette de 4 ans, Amahyma, et un bébé de 10 mois, Youssouf. Je suis étonnée par le nombre des enfants. Il me dit que les Omanais ont en moyenne entre 6 et 8 enfants. Alors que je pensais qu’ils n’en n’avaient pas ! On ne voit jamais les familles au complet, sauf certains soirs, dans les grands centres commerciaux. Il est tout de même probable que dans la capitale, les familles soient moins nombreuses. Notre propriétaire et voisin, qui aime passer ses vacances à Paris ou à l’île Maurice n’a que deux fils, et sa femme dirige son salon de beauté. L’émancipation est bien là !

Chez Souleiman, il est maintenant 10h30, et nous commençons par quelques rafraîchissements .Les enfants ont été avalés par l’immense maison de marbre et de stuc. Ils reviennent périodiquement, pour demander un verre d’eau ou un morceau de viande. Parce que nous passons à table...par terre ! Nous mangeons des brochettes de bœuf grillées et épicées, du bœuf séché, et de la viande de bœuf en sauce que Madame nous sert, dans des galettes très fines (comme des crêpes) et qu’elle noie sous du miel de dattes. Nous enchaînons sur les desserts, et nous avons la grande chance de goûter le Alwa, spécialité du pays, infecte en supermarché, mais très acceptable chez des locaux !
C’est gras, sucré, à base de dattes, de sucre, de noix de cajou, et de miel. C’est un compromis entre le caramel mou, et le nougat. Le café servi avec n’est pas sucré, c’est une chance ! En revanche, il est parfumé à l’eau de rose. Etrange, et plutôt sympa ! Bien sur, on ne refuse rien, si bien qu’on sort de là avec le ventre à terre (et la ferme résolution de se remettre au sport, à défaut de ne pouvoir refuser toute invitation Omanaise : ce serait une offense, à moins d’avoir une excellente raison, qui repousse alors l’invitation à plus tard !)
Melon jaune, pastèque, et dattes nous sont encore proposés…avec du Pepsi ou du Seven’up…







Les enfants sont libres de faire tout ce qu’ils veulent, les parents n’interviennent que lorsque l’un d’entre eux se met en danger. C’est la loi du plus fort. Lorsque Mohamed, l’aîné des garçons veut quelque chose, les autres le lui donnent, surtout quand il s’adresse à ses sœurs, pourtant plus âgées. Mais les enfants rendent assez volontiers service, ils vont chercher une couverture pour Jean, qui a fini par s’endormir dans mes bras après avoir hurlé dans les bras de la bonne Indienne, ils s’exécutent pour porter les plats vides à la cuisine…La maman n’est pas toujours debout.
Le repas fini, on se lève, et nous partons avec Souleiman et 4 de ses enfants pour visiter un fort très connu, en fin de restauration: Jabril. Nous laissons la Maman, son bébé Youssouf, et la fille aînée. Nous sommes donc 3 adultes, 7 enfants et 1 bébé. Souleiman pense que ce serait plus simple de ne prendre qu’une voiture…Je me retrouve donc à l’arrière avec Jean sur les genoux, Alix et les deux filles à mes côtés, les 4 garçons sont sur la banquette arrière, et le jeu vidéo de circuit de formule 1 est semblable à la réalité…Nous roulons sur une autoroute en construction, un seul côté est ouvert, on est donc à double sens, les accotements ne sont pas réalisés, et Souleiman roule à l’Omanaise…De son volant, il commande l’accélération, ou le ralentissement, le freinage seul se fait au pied (c’est une voiture automatique). Je tremble en regardant le compteur…150. Le compteur est stable, Souleiman l’a bloqué, il se consacre entièrement à son interlocuteur, lançant parfois une œillade à la route.


Christophe peine parfois à trouver ses mots, Souleiman le regarde poliment, attendant patiemment la fin de la phrase pour regarder sa route. Je maudis Christophe et cette fichue langue…à quoi bon avoir passé chaque jour des heures à bûcher pendant trois longues années, si c’est pour se retrouver au fossé ?
Nous arrivons au fort de Jabril, soulagement !




Quoi que…la restauration du fort est presque achevée, certains fils électriques sont encore apparents, et les fenêtres ne comportent pas vraiment de garde-fou. Les garçons courent partout, Alix veut être portée, on perd Henri, Charles a soif, Ibrahim court en tous sens, et Mohamed persécute son frère. Amahyma reste très timide, et accepte de me donner la main lors de la descente d’un escalier abrupt. Car on visite les pièces au pas de course. Le fort est certes beau, mais Souleiman semble pressé. On remonte dans notre "car touristique", fauteuils en cuir, réfrigérateur intégré, et jeux vidéo à la demande. On ne prend pas la même route pour le retour. Mais Souleiman continue à rouler très vite…Il s’arrête dans une station service pour acheter de l’eau, des jus de fruits et des chips. Il refuse l’argent de Christophe : « tu es mon invité pour la journée ! »…En planifiant notre week-end, nous avions prévu de visiter une ville dont le fort a été classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Ca tombe bien, Souleiman nous y emmène. Et nous « visitons » sans sortir de la voiture. Les enfants ne lèvent pas les yeux de leurs jeux vidéo, Christophe prend la photo en ouvrant la fenêtre (« vite, referme, ça fait entrer l’air chaud ! ») et nous repartons aussi vite.